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12 May

13 mai 2005: Eddie Barclay

Publié par Histoire de la Chanson  - Catégories :  #Années 2000

Eddie Barclay

 

(né Édouard Ruault)

 

 

Né le 26 janvier 1921 dans le 12e arrondissement de Paris

 

mort le 13 mai 2005 à Boulogne-Billancourt

 

un des plus importants éditeurs et producteurs de musique français entre les années 1950 et les années 1980 surnommé « l'empereur du microsillon »

 

Biographie

Enfance

Fils d’un garçon de café et d’une employée des postes, venu d'Auvergne vers Paris avec son frère de 7 ans son aîné (Paul qui deviendra préfet de police de Versailles). Ses parents ouvrent le « Café de la Poste » boulevard Diderot face à la Gare de Lyon.

Il déteste l’école et est grand fan de musique à la radio pour laquelle il est doué d'une mémoire musicale hors du commun. Il peut reproduire au piano de façon instinctive et autodidacte les tubes de jazz qu'il entend durant l'entre-deux-guerres sans connaître la musique. Il travaille à la brasserie de ses parents puis devient pianiste de bar, compositeur et chef d'orchestre de son propre groupe de jazz.

Grand amateur de fêtes, très charismatique, il organise durant l'occupation des fêtes clandestines dans une cave de la rue Saint-Benoît à Saint-Germain-des-Prés où la jeunesse zazou vient l'écouter jouer du jazz américain, interdit à l'époque, avec ses amis de son groupe de jazz : Django Reinhardt, Boris Vian, Henri Salvador et Moustache... et écouter des 78 tours de jazz sur des Juke-box.

Libération 

À la Libération, il américanise son nom en Eddie Barclay, se crée un look à la Clark Gable et fonde une des premières discothèques de Paris (le « Barclay’s club ») sur le modèle des « clubs » américains rue Pierre Charron et à Saint-Germain-des-Prés. Son club devient rapidement un des plus hauts lieux parisiens de jazz du « Tout-Paris » existentialiste où il joue avec ses amis Boris Vian, Henri Salvador, Michel Legrand, Stéphane Grappelli, Quincy Jones (alors trompettiste de Lionel Hampton)... et accompagne avec son orchestre Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Dizzy Gillespie, Sacha Distel, Glenn Miller... Il organise des fêtes pour les stars du moment Édith Piaf, Charles Trenet, Charles Aznavour, Francis Blanche...

Années 1950 producteur de musique

En 1949, il se lance dans la production et l'édition musicale, avec sa seconde épouse Nicole (disparue d'une overdose) et fonde le label « Blue Star ». Il loue le studio de Pathé Marconi (grâce aux relations de son frère Paul, préfet de police à Versailles) pour enregistrer ses premiers disques 78 tours de jazz avec Renée Lebas qu'il prend sous contrat. Il entasse les disques dans la baignoire de son petit studio parisien du 54 rue Pergolèse qui lui sert de bureau et d'entrepôt, et qu'il va placer lui-même en vélo chez les disquaires. Il en vend 200 000 exemplaires, nombre record pour l'époque. Puis il produit le chanteur américain Eddie Constantine, qui fait sa fortune grâce à son succès phénoménal. Il déménage alors dans un trois pièces rue Chambiges

En 1951 il fonde, avec Nicole, la « Compagnie Phonographique Française » et s'associe avec la firme américaine Mercury Records, dont il distribue les œuvres en France. Il va créer un important réseau de relations pour découvrir de nouveaux talents et a à cœur de connaître tous les artistes du show-business parisien. Il est grand ami avec les plus importants diffuseurs de musique de Paris, dont Bruno Coquatrix (directeur artistique de l'Olympia, temple de la musique populaire de l'époque) et Lucien Morisse (fanatique de musique et directeur des programmes d'Europe 1, la plus importante station radiophonique de France de l'époque)

En 1956 Eddie Barclay découvre Dalida avec son grand ami Lucien Morisse.

Fondation du Label Barclay 

En 1954 il fonde « Jazz Magazine », avec Nicole et Jacques Souplet, ainsi que le label « Barclay Records », qui réunit ses trois labels « Blue Star » (variétés), Mercury Records (jazz) et Riviera (tango, valse, paso doble...) et qui devient le plus important label de variétés françaises, de rock et autre yéyé...

Il lance de très nombreux artistes entre les années 1950 et les années 1980, qu'il découvre lors d'auditions, et grâce à son important réseau d'amis du show business, à son exceptionnel flair artistique et sa faculté de deviner ce qui va plaire au public, dont Dalida, Henri Salvador, Charles Aznavour, Charles Trénet, Brigitte Bardot, Jacques Brel et Juliette Gréco (lorsque ceux-ci quittent Philips), Léo Ferré, Hugues Aufray, Jean Ferrat, Frank Alamo, Françoise Hardy, Les Chaussettes Noires, Eddy Mitchell, Michel Delpech, Nicoletta, Michel Sardou, Nicole Rieu, Daniel Balavoine, Mireille Mathieu, Maxime Le Forestier, Daniel Guichard, Gilbert Montagné, Patrick Juvet, Danielle Licari, Claude Nougaro, Bernard Lavilliers, Serge Sala, Khaled, Rachid Taha, Zebda, Alain Bashung, Noir Désir, Björk et Tricky...

Son flair lui fait rarement défaut, sauf pour Johnny Hallyday, Bob Marley, Pierre Perret ou Michel Sardou (quatre ans après l'avoir découvert il lui dit « Mon petit vieux, écris des chansons si tu veux, mais surtout ne les chante pas. Tu n'as aucun talent ! »).

Au Québec, les Diane Dufresne, Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois, Claude Dubois, Claude Léveillée, Isabelle Pierre, Stéphane Venne, Paul Baillargeon et Renée Claude passent tous une longue période de leur carrière respective chez Barclay Records.

Lancement des microsillons en France

En 1955, un ami américain lui parle de la nouvelle invention new yorkaise des disques microsillons 45 tours et 33 tours capables d'enregistrer une heure de musique par face au lieu de 3 à 5 minutes pour les 78 tours.

Eddie et Nicole partent immédiatement se procurer la technique de fabrication de cette invention révolutionnaire, qu'ils rapportent en France alors que personne n'est encore équipé d'électrophones (dont il importe 3000 exemplaires des États-Unis).

Il profite également de son voyage pour signer quelques contrats avec des stars américaines du jazz de l'époque, qu'il distribue en France sous les labels Erato et Mercury Records­ et qui participent à son succès fulgurant dont The Platters et leur important tube Only You vendu à 15 millions d'exemplaires, Charlie Parker, Ray Charles, Erroll Garner, Dizzy Gillespie...

Il vend également 10 000 exemplaires des Fugues de Bach en 33 tours. On le surnomme alors « l'empereur du microsillon ».

En 1958 Barclay recrute chez Barclay Records : Quincy Jones comme arrangeur et directeur artistique, Boris Vian comme directeur des variétés, Frank Ténot et Daniel Filipacchi comme responsables du jazz, Raymond Lefevre et Michel Legrand comme orchestrateurs et Philippe Bouvard comme attaché de presse... Il est grand ami avec le producteur de musique Jacques Canetti de la salle de spectacle des Trois Baudets.

Il n'hésite pas à collaborer lui même à la composition et au texte pour ses amis, comme en 1963 pour son ami Lulu Charleu, qu'il produit.

Années 1980 retraite tropezienne 

En Novembre 1978, âgé de 58 ans et malade d'un cancer de la gorge, il vend 40% de Barclay Records à Polygram (héritier de Philips et futur Universal) tout en restant PDG de Barclay pendant 5 ans et propriétaire de 60% des parts.

Il fonde quelques entreprises dans le luxe, la production télévisuelle et l’organisation de fêtes.

Célèbre dandy des nuits tropéziennes et parisiennes et homme à femmes avec 8 mariages, jet setteur fêtard impénitent, il crée les célèbres « Nuits blanches » fastueuses dans la villa qu'il se fait construire à Cap Camarat, à Saint-Tropez, au bord de la plage de Pampelonne près de Ramatuelle, où il convie des invités du show business international, dont ses amis du « clan Barclay », dont Stéphane Collaro, Carlos, Darry Cowl, Alain Delon, Thierry Le Luron, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Olivier de Kersauson...

En 1988, il publie une autobiographie, Que la fête continue, aux éditions Robert Laffont.

Entre 2002 et 2004, Frédéric Lievain tourne avec Eddie Barclay et son entourage un film-documentaire titré Eddie Barclay, le Gentleman Producteur, diffusé en 2005 sur Paris Première.

Disparition

Il décède le 13 mai 2005 à 0h30 à l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt à l'âge de 84 ans, où il avait été admis deux semaines plus tôt. Il avait déjà subi, en mars 1994, un quadruple pontage, à la suite d’un malaise cardiaque, après avoir lutté avec une volonté farouche contre son cancer de la gorge depuis 1979.

Ses obsèques sont célébrées à l'Église Saint-Sulpice de Saint-Germain-des-Prés et il est inhumé le lendemain à Saint-Tropez. Il repose au cimetière marin. Son cercueil était porté par son fils et ses amis Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Carlos, Olivier de Kersauson et Stéphane Collaro.

Citations

  • « Il a cassé l’image du producteur assis derrière son bureau, en créant des relations amicales avec les artistes » — Orlando (frère de Dalida).
  • « Voilà comment je suis devenu le soi-disant “empereur du microsillon” ! En fait, il n’y avait pas d’autre prétendant ! »
  • « Je me suis promené pendant des années avec deux ou trois contrats dans mes poches, prêts à servir de jour comme de nuit, mais de préférence de nuit, tard, très tard dans la nuit. Pour être milliardaire, il ne faut jamais dormir. »

Mariages 

Célèbre homme à femmes et séducteur jusqu'à ses derniers jours, il s'est marié huit fois :

  • 1: Michelle (1945-1948)
  • 2: Nicole (1949-1963) chanteuse de jazz sous le nom de Eve Williams
  • 3: Marie-Christine (1965-1970)
  • 4: Béatrice (1970-1972) (qui épousera plus tard Guy Marchand)
  • 5: Michelle (1973-1981)
  • 6: Danièle (1982-1983)
  • 7: Cathy Esposito (1984-1987), photographe, actrice et top-model.
  • 8: Caroline (1988-1998)

  • Tiare (qu'il n'a pas épousée)

Quelques artistes produits 

France :

Québec :

Compositeur et interprète de musique de films 

Compositeur et interprète de jazz à ses débuts, il a écrit les bandes originales de plusieurs films, dont :

Bibliographie

  • 1988 : « Que la fête continue » par Eddie Barclay - Biographie - Éditions Robert Laffont.

Stratégie de la musique par André Lange, 1986

 

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